Le Nord du Canada est défini comme étant la région géographique au nord du 60e latitude nord, englobant le Yukon, les Territoires du Nord-Ouest, la majorité du Nunavut ainsi que certaines parties du Nunavik (nord du Québec) et du Nunatsiavut (la partie la plus nordique de Terre-Neuve et Labrador). Dans l’ensemble de cette région, la température annuelle moyenne a augmenté de 2,3 °C entre 1948 et 2016, environ trois fois plus que le taux de réchauffement de la température moyenne mondiale (voir le chapitre 2, section 2.2.1 et le chapitre 4, section 4.2.1). Cette augmentation a été la plus élevée lors de l’hiver (4,3 °C) et la moins élevée pendant l’été (1,6 °C) au cours de la même période.
L’augmentation de température observée est associée aux changements dans les autres variables vulnérables à la température. L’étendue du manteau neigeux pendant le printemps (avril à juin) et l’automne (octobre à décembre) a été considérablement réduite dans le Nord du Canada, avec une réduction proportionnelle de la durée du manteau neigeux (voir le chapitre 5, section 5.2.1). De plus, la durée de la couche de glace de l’eau douce a diminué pour la plupart des lacs de l’Arctique (voir le chapitre 5, section 5.5.1). Le lac situé le plus au nord au Canada, le lac Ward Hunt, a précédemment maintenu une couche de glace tout au long de l’année, mais la glace a fondu complètement en 2011 et 2012. Il y a eu une réduction dans les glaciers et les calottes glaciaires de l’Arctique canadien, qui s’est accélérée dans la dernière décennie (voir le chapitre 5, section 5.4.1). Les températures du pergélisol ont augmenté dans tout le Nord du Canada, et ce réchauffement du sol gelé a donné lieu à des augmentations de l’épaisseur de la couche active, la fonte de la glace au sol et la formation de formes de relief thermokarstique (voir le chapitre 5, section 5.6.1). Il y a également des preuves que ces processus ont influencé les niveaux des lacs dans le nord-ouest du Canada (voir le chapitre 5, section 5.6.1), y compris une incidence plus élevée du drainage rapide de lacs (voir le chapitre 6, section 6.3.2). L’étendue de la couverture de la glace marine, y compris dans les zones contenant de la glace pluriannuelle, a diminué dans l’ensemble de l’Arctique canadien (voir le chapitre 5, section 5.3.1). Le taux de diminution de la glace marine pluriannuelle et estivale dans la mer de Beaufort et dans l’archipel Arctique canadien s’est accéléré depuis 2008. L’acidification de l’océan Arctique, résultant des émissions anthropiques de dioxyde de carbone, a été augmentée par de rapides augmentations d’apport en eau douce provenant de la fonte accélérée des glaces et de l’augmentation de l’apport des rivières (chapitre 7, section 7.6.1).
Dans les zones côtières, le changement du niveau de la mer analysé en fonction d’un point sur la terre ferme est appelé changement du niveau « relatif » de la mer. Le niveau relatif de la mer a augmenté le long du littoral de la mer de Beaufort (y compris Tuktoyaktuk) a un taux plus élevé que l’élévation du niveau de la mer à l’échelle mondiale, mais a diminué presque tout le long des régions côtières de l’est de l’Arctique et de la baie d’Hudson. Cette variabilité dans le niveau de la mer reflète le soulèvement et l’affaissement régionaux qui se produisent toujours à la suite du recul de la nappe glaciaire qui couvrait la région lors de la dernière période glaciaire (voir le chapitre 7, section 7.5.1). Les changements dans la glace marine dans la région de Beaufort ont entraîné une augmentation de la hauteur des vagues et de la durée de la saison des vagues (voir le chapitre 7, section 7.4.1 et 7.4.2).
La température annuelle moyenne pour le Nord du Canada est prévue d’augmenter d’environ 1,8 °C (de 1,2 à 2,5) pour un scénario e faibles émissions (RCP2.6) à 2.7 °C (de 2,0 à 3,5) pour un scénario d’émissions élevées (RCP8.5) pour la période de 2031 à 2050, et de 2,1 °C (de 1,3 à 2,5) (RCP2.6) à 7,8 °C (de 6,2 à 8,4) (RCP8.5) pour la période de 2081 à 2100; toutes les valeurs sont par rapport à la valeur moyenne de la période de 1986 à 2005 (voir le chapitre 4, section 4.2.1). Les changements du manteau neigeux en hiver (janvier à mars) et de la quantité de neige (mesurée comme l’équivalent maximal en eau de neige avant la fonte) sont prévus être minime dans tout le Nord du Canada parce que l’augmentation des chutes de neige aux latitudes élevées devrait être compensée par l’augmentation des températures qui raccourcira la saison d’accumulation de neige (voir le chapitre 5, section 5.2.2). Les glaciers et les calottes glaciaires continueront de diminuer. D’après les changements observés au cours des dernières décennies, de nombreuses petites calottes glaciaires et plateformes de glace disparaîtront complètement d’ici 2100 (voir le chapitre 5, section 5.4.2). Le futur réchauffement du pergélisol sera plus important près de la surface que dans les couches plus profondes du sol, mais la région du Canada reposant sur le pergélisol profond est prévue diminuer de 16 % à 20 % d’ici 2090 par rapport à 1990 (voir le chapitre 5, section 5.6.2). Cette augmentation dans la fonte du pergélisol pourrait mener à des augmentations dans le thermokarst et influencer les niveaux des lacs nordiques (voir le chapitre 5, section 5.6.2 et le chapitre 6, section 6.3.2). En ce qui concerne la glace marine, il y a plus de 50 % de probabilité que, d’ici 2050 dans le cas d’un scénario d’émissions élevées, de vastes régions de l’Arctique canadien ne contiendront plus de glace marine en septembre, avec des mois supplémentaires libres de glace dans certaines régions (voir le chapitre 5, section 5.3.2). La baie d’Hudson, où il n’y a actuellement pas de glace en août et en septembre, a une forte probabilité de devenir exempte de glace pendant quatre mois consécutifs (d’août à novembre). On prévoit que cette réduction dans la couverture de glace mènera à une augmentation allant jusqu’à 4 °C de la température à la surface de la mer pendant ces mois (voir le chapitre 7, section 7.2.2). Avec les réductions prévues de la glace marine dans l’océan Arctique, la hauteur des vagues et la durée de la saison estivale des vagues devrait augmenter (voir le chapitre 7, section 7.4.2). On prévoit une élévation du niveau relatif de la mer dans la région côtière de la mer de Beaufort, alors que la plupart des régions du Nunavut vivront peu de changements ou une diminution du niveau relatif de la mer en raison de la continuité du soulèvement des terres (voir le chapitre 7, section 7.5.2 et figure 7.16). Selon un scénario d’émissions élevées, le niveau relatif de la mer dans la région côtière de la mer de Beaufort, y compris la région du delta du Mackenzie (Territoires du Nord-Ouest), devrait s’élever de 50 à 75 cm d’ici 2100 (projection médiane). En revanche, le niveau relatif de la mer devrait diminuer considérablement (jusqu’à 90 cm) dans le même scénario que la baie d’Hudson (Nunavut) et l’archipel Arctique, y compris l’île de Baffin (Nunavut), étant donné que le soulèvement des terres fait plus que compenser pour l’élévation mondiale du niveau de la mer. Tous les scénarios d’émissions entraînent des changements semblables au niveau de la mer d’ici le milieu du siècle, les scénarios d’émissions plus élevées menant à une élévation plus importante ou à une diminution moins importante du niveau de la mer après 2050 (voir le chapitre 7, section 7.5.2).
Les changements à long terme dans les précipitations totales au-dessus du Nord du Canada sont difficiles à quantifier correctement en raison du réseau d’observation clairsemé. Cependant, tous les sites disponibles dans la région révèlent une importante augmentation du pourcentage dans les précipitations (voir le chapitre 4, section 4.3.1) annuelles et saisonnières, les précipitations ayant augmenté dans toutes les saisons. Pendant l’été, les chutes de neige ont diminué et sont en voie d’être remplacées par de la pluie (voir le chapitre 4, section 4.3.1). Cependant, les chutes de neige ont augmenté sur une base annuelle, depuis que les précipitations totales ont augmenté et que les températures pendant la partie froide de l’année sont encore suffisamment basses pour que les précipitations tombent sous forme de neige. En association avec le réchauffement des températures et les changements encourus à la neige et au pergélisol (voir le chapitre 5, section 5.2.1 et 5.6.1), les écoulements fluviaux de l’hiver ont augmenté (voir le chapitre 6, section 6.2.1) et le moment de la crue printanière est plus précoce (voir le chapitre 6, section 6.2.2).
Les précipitations annuelles moyennes pour le Nord sont projetées d’augmenter, de 8,2 % (de 2,1 à 14,6) pour un scénario de faibles émissions (RCP2.6) à 11,3 % (de 5,4 à 18,1) pour un scénario d’émissions élevées (RCP8.5) lors de la période de 2031 à 2050 et de 9,4 % (de 2,8 à 16,7) (RCP2.6) à 33,3 % (de 22,1 à 46,4) (RCP8.5) pour la période de 2081 à 2100; toutes les valeurs sont par rapport à la période de référence de 1986 à 2005. Les précipitations sont projetées d’augmenter dans toutes les saisons et les précipitations extrêmes accumulées au cours d’une journée ou moins sont également projetées d’augmenter (voir le chapitre 4, section 4.3.2). Il y a un degré de confiance élevé dans ces augmentations projetées des précipitations, comme il s’agit d’un solide élément de multiples générations de modèles climatiques et qu’il peut être expliqué par les augmentations prévues dans l’humidité atmosphérique causées par le réchauffement (voir le chapitre 4, section 4.3.1). En association avec ces augmentations, les écoulements fluviaux annuels dans le Nord sont également prévus d’augmenter, tout comme les crues printanières toujours plus précoces en raison du réchauffement (voir le chapitre 6, section 6.2.1 et 6.2.2).